A l'occasion de son discours devant une session conjointe du Congrès, le premier ministre irakien Nouri Kamal AL-MALIKI rattache les opérations de contre-insurrection en cours sur le théâtre irakien au cadre élargi de la "guerre globale contre le terrorisme" -- "bataille entre le véritable islam [...] et le terrorisme" dont les enjeux sont la liberté et les droits de la personnes reconnus par le premier et que l'Irak ainsi que les Etats-Unis ont "le devoir" de livrer. Après avoir sollicité des fonds supplémentaires pour la reconstruction de la "ligne de front" contre le terrorisme et mis en garde contre une répétition de "1991" (la révolte de la communauté arabe chiite -- Shaaban Intifada -- encouragée par les Etats-Unis et soutenue par l'Iran dans le sud de l'Irak consécutivement à la guerre du Golfe est alors réprimée par Saddam HUSSEIN sans réactions américaines), M. AL-MALIKI réconforte enfin son auditoire en promettant de réduire l'influence des milices communautaires et en affirmant que les sacrifices des Américains et des Irakiens pour la liberté ne resteront pas vains.
Au cours d'un déjeuner avec M. BUSH en compagnie de militaires et de leurs familles, M. AL-MALIKI qualifie ensuite de "sainte" cette lutte contre le terrorisme et pour l'établissement de la démocratie que son gouvernement et celui des Etats-Unis conduisent en "partenaires" (George W. BUSH, Nouri Kamal AL-MALIKI, Remarks by President Bush and Iraqi Prime Minister Al-Maliki at Lunch with Military Personnel and Families, Fort Belvoir, Virginie, 26 juillet 2006 ). Le discours du premier ministre irakien devant les deux chambres du Congrès réunies s'avère finalement une réussite nonobstant la réticence initiale de certains parlementaires démocrates considérant comme rédhibitoires les positions du dirigeant arabe chiite sur la crise israélo-libano-palestinienne (condamnation des opérations militaires israéliennes mais refus de condamner les acteurs armés non étatiques du Hezbollah et du Hamas) -- même conditionnées par des considérations de politique intérieure (reflétant une opinion publique majoritairement arabe chiite, le Conseil des Représentants irakien a qualifié l'opération militaire israélienne "juste récompense" d'"agression criminelle") -- et menaçant par conséquent de boycotter sa prestation.
Les présidents du groupe démocrate au sein du Sénat et de la Chambre des Représentants ont respectivement critiqué les positions de M. AL-MALIKI:
- le sénateur Harry REID a estimé que de telles positions disqualifiaient le premier ministre irakien pour un honneur généralement accordé par le Congrès aux seuls hommes politiques perçus comme marquant leur temps en conformité avec la politique étrangère des Etats-Unis -- Nelson MANDELA, Vaclav HAVEL, Lech WALESA, etc.
- la représentante Nancy PELOSI a estimé que "la critique du droit d'Israël à se défendre lui-même [était] inacceptable"
D'autant que, a contrario de l'administration du président George W. BUSH, M. AL-MALIKI subordonne le traitement des causes profondes du conflit israélo-libanais en vue d'une solution politique durable à un cessez-le-feu immédiat des hostilités entre l'Etat d'Israël et la milice chiite libanaise du Hezbollah.
Traditionnellement pro-israélien et nonobstant le risque d'une érosion du soutien de l'opinion publique à l'intervention militaire israélienne à mesure de sa prolongation, le Congrès a voté le 19 juillet par 410 voix contre huit une résolution qui:
- condamne l'opération du Hezbollah en date du 12 juillet 2006 au cours de laquelle huit militaires israéliens ont été tués et deux enlevés
- confirme le soutien des parlementaires à l'opération "juste récompense" conduite par les Forces Israéliennes de Défense (IDF pour Israeli Defense Forces) contre le Hezbollah sur le fondement du droit de légitime défense
- et exclut toute référence à la retenue dans le ciblage de la population et des infrastructures civiles libanaises, se contentant de rappeler "l'engagement de longue date d'Israël pour minimiser les pertes humaines"
La posture de M. BUSH dans la crise israélo-libano-palestinienne bénéficie ainsi du soutien bipartisan du Congrès.