politique étrangère américaine

defense | Chambre des Représentants

La Chambre des Représentants vote par 407 voix contre 19 l'allocation de 427,6 milliards de dollars pour le budget du département de la Défense au titre de l'année fiscale 2007 (1er octobre 2006-30 septembre 2006).

Conformément aux demandes du département de la Défense, la Chambre des Représentants alloue:

• 50 milliards de dollars pour le financement des opérations sur les théâtres d'opérations afghan et irakien
• 1,7 milliard de dollars pour le financement de nouvelles contre-mesures technologiques ayant vocation à brouiller les déclencheurs électroniques des engins explosifs improvisés (Improvised Explosive Devices)
• 1,4 milliard de dollars pour financer l'achat de 20 F-22 Raptors

En revanche, la Chambre des Représentants n'alloue pas les crédits souhaités par le Pentagone pour les programmes de la défense anti-missiles balistiques (Ballistic Missile Defense), de l'avion de combat F-35 JSF et du Future Combat System de l'Armée de terre.

defense | systeme ABM

Dans le cadre du développement du système de défense anti-missile Aegis, l'U.S. Navy réussit un septième test d'interception (sur huit) d'un missile balistique grâce à un Standard Missile 2 Block IV.

Alors que les précédents tests ont été réalisés en phase balistique (mi-course, environ douze minutes) grâce à des Standard Missile 3, celui l'a été en phase de rentrée dans l'atmosphère, la plus propice pour l'interception en dépit de sa brièveté (30 à 50 secondes).

defense | puissance navale

Certes, dans un environnement sécuritaire incertain où "l'ennemi terroriste" déploie subrepticement ("caché" et "secret") ses stratégies asymétriques, l'outil militaire américain doit s'appuyer sur les atouts des Etats-Unis (supériorité technique, capacité de projection de puissance et capacités de frappe de précision) pour gagner en adaptabilité, souplesse, agilité, rapidité et létalité. Garante de la maîtrise comme de l'interdiction de la mer, le vice-président Richard D. CHENEY estime que la puissance navale continue de jouer un "rôle central" en apportant au président un outil flexible d'engagement des forces déterminant au cours des opérations Enduring Freedom puis Iraki Freedom (Richard D. CHENEY, Vice President's Remarks at a Rally for Expeditionary Strike Group One, San Diego, Californie, 23 mai 2006).

defense

Le président George W. BUSH nomme le Directeur adjoint du Renseignement National (deputy National Intelligence Director), le général de l'U.S. Air Force Michael HAYDEN, directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) en remplacement du directeur démissionnaire (5 mai 2006) Porter GOSS (George W. BUSH, President Nominates General Michael Hayden as Director of the Central Intelligence Agency, Washington, D.C., 8 mai 2006).

Si le Sénat confirme sa nomination, M. BUSH estime que le général HAYDEN -- à la fois "producteur et consommateur de renseignement" puisque ancien directeur de l'Agence de Sécurité Nationale (NSA pour National Security Agency) de 1999 à 2005, ancien commandant de l'Agence du Renseignement de l'U.S.A.F., ancien haut fonctionnaire du département de la Défense et du Conseil de Sécurité Nationale -- sera la personne plus compétente pour diriger la CIA "à ce moment critique de l'histoire de notre nation", c'est-à-dire dans l'environnement stratégique incertain post-11 septembre et alors que la Maison-Blanche, le département de la Défense et la CIA s'impute réciproquement la responsabilité du renseignement défaillant ante-11 septembre. Le général HAYDEN se prévaut de relations amicales avec les précédents directeurs de la CIA, Porter GOSS et George TENET.

Sa nomination n'en suscite pas moins des suspicions, d'aucuns (notamment le président de la Commission du Renseignement de la Chambre basse, le représentant républicain Peter HOEKSTRA) doutant de son indépendance:

1. par rapport au département de la Défense en tant que général en activité et ancien directeur de la NSA (et alors que le Pentagone contrôle déjà la majeure partie de la communauté du renseignement avec, outre la NSA, le National Reconnaissance Office et la National Geospatial-Intelligence Agency)
2. par rapport à la Maison-Blanche en tant qu'exécutant du programme de surveillance du territoire national mis en oeuvre par la NSA (prévoyant notamment la possibilité d'écoutes téléphoniques sans mandat judiciaire préalable)

defense

L'ordre du jour de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'OTAN qui se tient à Sofia (Bulgarie) les 27-28 avril 2006 est double:

1. les coopérations (postures politiques conjointes, lutte contre le terrorisme et opérations de maintien de la paix) avec certaines démocraties de la zone Asie-Pacifique (Australie, Corée du sud, Japon et Nouvelle-Zélande)
2. l'élargissement de l'Alliance Atlantique à trois Etats des Balkans (Albanie, Croatie et Macédoine) et deux anciens satellites soviétique (Ukraine et Géorgie), lequel devrait être planifié (plan d'adhésion) en novembre 2006 lors du sommet de Riga (Lettonie) puis entrer en vigueur à partir de 2008
3. et l'éventuelle projection de troupes de l'OTAN afin d'appuyer les forces mobiles de l'ONU déployées au sein d'une opération de maintien de la paix dans la province soudanaise du Darfour

Le secrétaire d'Etat Condoleezza RICE souligne à l'issue de la première journée de réunion les transformations post-guerre froide que l'OTAN a selon elle accompli avec succès, notamment l'extension de ses compétences ratione materiae -- lutte contre la prolifération des ADM, opérations humanitaires, densification de la fonction de forum politique -- comme ratione loci -- appui logistique à la mission de l'Union Africaine au Soudan, entraînement des forces de sécurité irakiennes et déploiement de la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité en Afghanistan -- et le maintien d'une "politique de la porte ouverte" à l'égard des candidats satisfaisant la conditionnalité d'adhésion (Condoleezza RICE, Remarks After NATO Ministerial Meeting, Sofia, Bulgarie, 27 avril 2006).

Mme RICE formule trois voeux:

1. l'élargissement et l'approfondissement des partenariats d'ores et déjà noués par l'OTAN (Partenariat pour la Paix et Dialogue Méditerranéen) soient élargis
2. l'adhésion à terme de l'Ukraine (en faveur d'un plan d'adhésion dès novembre 2006)
3. l'appui des forces de l'OTAN à la force mobile de l'ONU (logistique et transport) dont elle espère le déploiement dans la province soudanaise du Darfour

Enfin, à une question sur le refus continu de l'Iran de se conformer aux exigences de la communauté internationale formulées dans la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies le 29 mars 2006, Mme RICE estime que le CSNU, afin de préserver sa crédibilité en tant qu'institution garante du "maintien de la paix et de la sécurité internationales" (article 51 de la Charte des Nations Unies), doit désormais agir.

defense

Deux articles et une tribune ont pour objet les griefs formulés par six anciens généraux à l'encontre de la conduite de l'Opération Iraqi Freedom (OIF) par le secrétaire à la Défense Donald H. RUMSFELD --  absence de planification des opérations de stabilisation et de reconstruction (après opérations de combat majeures), sous-estimation de la situation d'insurrection, micro-management intrusif et fermeture cognitive prématurée réfractaire aux conseils -- suivis de leur voeux qu'il soit remplacé (Tom RAUM, "Criticism Mounts vs. Rumsfeld", The Washington Post, 14 avril 2006; David IGNATIUS, Replace RUMSFELD, The Washington Post, 14 avril 2006; David S. CLOUD, Eric SCHMITT, "More Retired Generals Call for Rumsfeld's Resignation", The New York Times, 14 avril 2006).

Si le principe démocratique de la subordination des autorités militaires aux autorités civilo-politiques n'exclut pas que les premières critiquent les choix des secondes (au risque d'une politisation préjudiciable à l'éthique militaire), cette remise en cause n'en révèle pas moins la fin de la déférence de temps de guerre observée par le commandement militaire à l'égard de la hiérarchie civile au moment où l'opinion publique américaine doute de la crédibilité de l'administration BUSH en général et de son secrétaire à la Défense en particulier (credibility gap) aussi bien dans la légitimité du recours à la force armée que dans l'efficacité de sa gestion.

C'est précisément cet argument qui sous-tend le raisonnement et motive la réclamation par le chroniqueur du Washington Post David IGNATIUS en faveur du remplacement de M. RUMSFELD. Remobiliser le soutien de l'opinion publique américaine à l'OIF grâce à un remaniement ministériel qui présenterait deux avantages:

1. investir une équipe dont le capital politique ne serait pas entamé
2. recréer un temps l'environnement permissif qui offre au président BUSH la marge de manoeuvre nécessaire à la mise en oeuvre de la "stratégie nationale pour la victoire en Irak"

Mais le président George W. BUSH réaffirme son "soutien entier" au secrétaire à la Défense qui non seulement symbolise depuis 2003 l'intervention militaire en Irak mais encore reflète l'emprise directe croissante du président sur la stratégie militaire (George W. BUSH, President Bush Expresses Full Support, Appreciation for Defense Secretary Donald Rumsfeld, Washington, D.C., 14 avril 2006).

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Le président du comité des chefs d'état-major, le général Peter PACE, publie la National Military Strategy to Combat Weapons of Mass Destruction (NMSCWMD) qui, sous-tendue par six principes (défense active en profondeur, conscience de la situation et C2 intégré, gestion de la force, planification basée sur les capacités, approche basée sur les effets et garantie des alliés), a vocation a intégré les efforts du Département de la Défense en matière de lutte contre les armes de destruction massive (ADM) afin de faciliter l'accomplissement de sa mission: "dissuader et vaincre ceux qui cherchent à préjudicier les Etats-Unis, leurs alliés et leurs partenaires par l'emploi d'armes de destruction massive et, en cas d'attaque, à atténuer les effets et rétablir la dissuasion" (CHAIRMAN OF THE JOINT CHIEFS OF STAFF, National Military Strategy to Combat Weapons of Mass Destruction, Washington, D.C., 13 février 2006, 30 p.).

Reposant sur le triptyque contre-prolifération, non-prolifération et gestion des conséquences, favorisée par le renseignement, les partenariats et la communication stratégique ("strategic enablers"), la NMSCWMD est une construction pyramidale composée de trois strates: les fins (planification), les voies (exécution) et les moyens (identification des ressources) de la lutte contre les ADM.

Les fins recouvrent le but militaire stratégique et l'état final associé, c'est-à-dire assurer que "les Etats-Unis, ses forces armées, ses alliés, ses partenaires et intérêts ne soient ni contraints ni attaqués par des ennemis utilisant des ADM".

Les voies sont les quatre objectifs stratégiques militaires relevant de la contre- ou de la non- prolifération:

• deux relevant de la contre-prolifération:
  • vaincre et dissuader l'emploi d'ADM
  • protéger de, répondre à et se remettre de l'emploi d'ADM
• deux relevant de la non-prolifération:
  • défendre, dissuader et dénier la possession ou la prolifération d'ADM
  • réduire, détruire et inverser la possession d'ADM

Et les moyens sont les applications au niveau des commandements de combat, des départements militaires et des administrations de soutien au combat que traduisent huit zones de mission:

• les opérations offensives
• les opérations d'élimination
• les opérations d'interdiction
• la défense active
• la défense passive
• la gestion des conséquences des ADM
• la coopération sécuritaire et les activités de partenariats
• et la coopération dans la réduction des menaces

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Le directeur de la Missile Defense Agency (MDA), le lieutenant général Henry OBERING, déclare que le système de défense antimissile (MD) franchit une étape décisive en 2006:

• d'abord, le système MD pourrait d'ores et déjà -- sous certaines conditions -- écarter une attaque ennemie
• ensuite, le budget de la MD s'éleve à 9,3 Md$ pour l'année fiscale 2007 (7,8 en 2006) avec 1,6 Md$ consacrés à l'installation d'intercepteurs de missiles supplémentaires à Fort Greely (Alaska) et Vandenberg (Californie)
• par ailleurs, trois tests opérationnels "réalistes" du système Ground-Based Midcourse Defense (GBMD) sont planifiés au cours de l'année
• enfin, la prise de conscience de l'utilité du système MD à la faveur des proliférations iranienne et nord-coréenne gagne des partenaires potentiels auparavant sceptiques

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Le directeur de la Missile Defense Agency (MDA), le lieutenant général Henry OBERING, déclare que le système de défense antimissile (MD) franchit une étape décisive en 2006:

• d'abord, le système MD pourrait d'ores et déjà -- sous certaines conditions -- écarter une attaque ennemie
• ensuite, le budget de la MD s'éleve à 9,3 Md$ pour l'année fiscale 2007 (7,8 en 2006) avec 1,6 Md$ consacrés à l'installation d'intercepteurs de missiles supplémentaires à Fort Greely (Alaska) et Vandenberg (Californie)
• par ailleurs, trois tests opérationnels "réalistes" du système Ground-Based Midcourse Defense (GBMD) sont planifiés au cours de l'année
• enfin, la prise de conscience de l'utilité du système MD à la faveur des proliférations iranienne et nord-coréenne gagne des partenaires potentiels auparavant sceptiques

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L'ancien général de l'U.S. Army chargé de l'entraînement des militaires irakiens en 2003-04, Paul D. EATON, considère que le secrétaire à la Défense Donald H. RUMSFELD n'est pas "compétent" -- aux trois niveaux stratégique, opératif et tactique -- pour diriger les forces armées américaines (Paul D. EATON, "A Top-Down Review for the Pentagon", The New York Times, 19 mars 2006).

Outre l'amolissement des alliances des Etats-Unis avec leurs alliés qualifiés de "vieille Europe", M. RUMSFELD s'est effectivement "aliéné sa propre armée", selon le général EATON, en administrant la preuve de son incompétence aux trois niveaux de l'action militaire:

1. d'abord au niveau stratégique: un système de valeurs et de croyances grevés des schémas conceptuels hérités de l'ordre bipolaire, les effets pervers de la pensée groupale et la croyance techniciste négligeant l'élément humain du combat ont fait obstacle à la compréhension par M. RUMSFELD de la nature (une lutte prolongée de neuf ans en moyenne) et des exigences (une lutte menée par l'U.S. Army et l'U.S. Marine Corps) de la contre-insurrection
2. ensuite au niveau opératif: non seulement M. RUMSFELD rejetta la "doctrine Powell" (cinq conditions préalables à l'emploi de la force armée: objectifs clairs, critères du succès identifiables, moyens adéquats, stratégie de sortie et soutien de l'opinion publique) mais encore il négligea les avertissements selon lesquels les forces de sécurité irakiennes baathistes se désagrègeraient dans le contexte dissolvant de l'après-guerre
3. enfin au niveau tactique: le micro-management des opérations de stabilisation et de reconstruction ainsi que l'exigence de loyauté de haut en bas de la chaîne de commandement ont renforcé l'intrusion -- ses effets pervers -- du mandataire de l'opinion publique dans le domaine d'expertise du technicien de l'action militaire

C'est pourquoi il recommande in fine :

1. au président George W. BUSH: accepter l'offre de démission émise à plusieurs reprises par M. RUMSFELD (après la révélation du scandale d'Abou Ghraïb et lors du remaniement de l'administration de second mandat) en le remplaçant par un homme politique consensuel -- i.e. démocrate avant l'échéance des midterm elections (novembre 2006), par exemple le sénateur Joseph LIEBERMAN qui jouit d'un crédit légitimant en matière de sécurité nationale (thème probablement structurant de la campagne)
2. au Congrès: mettre un terme à sa déférence à l'égard de l'exécutif en réaffirmant les pouvoirs qu'il détient en temps de guerre via, notamment, le "pouvoir du porte-monnaie" (autorisations puis appropriations)