Précédée par le règlement le 1er juillet 2006 du principal irritant bilatéral (le différend lié aux exportations de bois canadien), la rencontre du président George W. BUSH avec le nouveau premier ministre canadien, Stephen HARPER, porte principalement sur l'agenda des crises faisant l'objet d'une convergence voire d'une coopération américano-canadienne (George W. BUSH, Remarks by President Bush and Prime Minister Stephen Harper of Canada in Press Availability, 6 juillet 2006). Cette rencontre intervient après que le nouveau gouvernement minoritaire canadien (le Parti Conservateur du premier ministre HARPER remporte les élections législatives du 23 janvier 2006 à une simple majorité relative: 124/308 sièges à la Chambre des Communes contre 103 pour le Parti Libéral du premier ministre sortant Paul MARTIN et le reste pour le Nouveau Parti Démocrate) a présenté le 29 juin 2006 un programme de dépenses en matière de défense -- qui vise à renforcer l'interopérabilité des forces militaires du Canada et à autonomiser ses capacités de projection de puissance afin de consolider son influence diplomatico-stratégique dans un environnement stratégique incertain -- et souligne donc cette impulsion.
Relativement à l'agenda des crises, MM. BUSH et HARPER:
- souhaitent convaincre le régime iranien de renoncer à ses ambitions nucléaires militaires
- manifestent une "préoccupation mutuelle" après la "provocation" nord-coréenne (multiples lancements de missiles couvrant le spectre des portées le 4 juillet 2006) mais désirent maintenir l'enceinte multilatérale des Six-Party Talks (deux Corées, Chine, Etats-Unis, Japon et Russie) en vue du démantèlement complet, vérifiable et irréversible des programmes et installations nucléaires nord-coréennes
- considèrent que des troupes de l'Organisation des Nations Unies appuyées par des contingents de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord doivent étayer et compléter l'action des forces de l'Union Africaine dans la province soudanaise du Darfour
- et se félicitent de la coopération bilatérale dans la "guerre globale contre le terrorisme" (M. BUSH loue les capacités des forces de sécurité canadiennes dans le domaine des opérations spéciales et de combat -- et non plus les seules opérations de maintien de la paix), notamment au sein du NORAD (North American Aerospace Defense Command) et sur le théâtre afghan dans le cadre de l'Opération Enduring Freedom (2 300 militaires canadiens sont mobilisés -- parmi lesquels des membres des forces spéciales Joint Task Force 2; le 17 mai 2006, les formations conservatrice et libérale du parlement ont conjointement prolongé l'engagement du contingent canadien jusqu'en 2009)
Surnommée "Canada First", la loi de programmation présentée le 29 juin 2006 rompt avec la tradition des gouvernements libéraux -- faisant du budget de la défense la variable d'ajustement du budget de l'Etat -- en allouant 15 milliards de dollars américains pour de nombreuses acquisitions:
- avions de transport stratégique et tactique, notamment des avions de transport de la classe Hercule (C-17 et C-130)
- hélicoptères de transport moyens et lourds, notamment des hélicoptères Chinook CH-47
- navires d'approvisionnement
- et camions logistiques