Considérant:
- la résolution de l'Iran d'acquérir des armes nucléaires (sous-tendue par une double ambition sur la scène régionale -- en tant que leader -- et sur la scène internationale -- en tant que puissance régionale)
- les effets entropiques que porte en germe la nucléarisation de l'Iran (déstabilisation des équilibres régionaux de puissance, réaction mécanique de l'Etat d'Israël face à une menace existentielle et course régionale aux armements voire nucléarisation en chaîne)
- l'implication nécessaire de l'Europe (ses intérêts vitaux de sécurité sont directement et indirectement mis en cause)
- l'échec de la démarche de l'UE-3 (soutenues par les Etats-Unis, Allemagne, France et Grande-Bretagne négocient avec l'Iran au nom de l'Union européenne) pour deux raisons (premièrement, le coût de l'éventualité d'un changement de régime et de la renonciation à ses ambitions régionales a largement excédé pour l'Iran les gains de l'offre européenne; deuxièmement, l'Opération Iraqi Freedom a ancré la croyance selon laquelle une fenêtre d'opportunité a été ouverte à la faveur de l'enlisement des Etats-Unis)
- l'inadaptation de l'option militaire des frappes aériennes préventives (impropres à enrayer le processus de nucléarisation en raison de la dissémination des sites nucléaires, les frappes préventives revêtiraient en revanche le caractère d'une prophétie auto-réalisatrice en légitimant la volonté de sanctuariser le territoire via sa nucléarisation et en précipitant le conflit -- lequel pourrait escalader d'une campagne de subversion terroriste au conflit armé conventionnel sur une échelle régionale voire globale
- et l'urgence qu'il y a à résoudre la crise nucléaire par la voie diplomatique avant que la militarisation du différend ne soit irréversible ...
... l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères et vice-chancellier (1998-2005) Joschka FISCHER demande à l'administration du président George W. BUSH de relayer les pourparlers au nom de la communauté internationale en général, occidentale en particulier, en engageant des discussions directes avec l'Iran qui auraient pour objet la négociation d'un "grand marchandage" approuvé par l'Union européenne ainsi que soutenu par le Conseil de Sécurité des Nations Unies (id est Chine et Russie) et le Groupe des 77 non-alignés de l'Assemblée Générale des Nations Unies (Joschka FISCHER, "The Case for Bargaining With Iran", The Washington Post, 29 mai 2006).
En contrepartie de la suspension à long terme de ses activités d'enrichissement d'uranium, ce "grand marchandage" préconisé par M. FISCHER offrirait à l'Iran une triple garantie:
- d'abord l'accès contrôlé (Agence Internationale de l'Energie Atomique) à la recherche et à la technologie nucléaires dans un cadre international prédéfini
- ensuite la normalisation de ses relations politiques et économiques avec les pays occidentaux
- enfin la sécurité dans le cadre d'un régime régional de sécurité
Au contraire, en cas de refus ou de manquement à ses obligations, l'Iran s'isolerait davantage sur la scène internationale tout en légitimant l'imposition de mesures coercitives.