Si la communauté cubaine de Floride s'impatiente dans la perspective d'une succession à la tête de l'Etat cubain, l'administration du président George W. BUSH opte prudemment pour une attitude attentiste après que son secrétaire personnel a annoncé à la télévision le 31 août 2006 que le président cubain Fidel CASTRO déléguait temporairement (mais pour la première fois depuis son accession en 1959) ses pouvoirs cumulés (président de la République de Cuba, premier secrétaire du Comité central du parti communiste cubain et commandant-en-chef des Forces Armées Révolutionnaires) à son frère Raul CASTRO pour des motifs de santé, et ce jusqu'à son rétablissement:
- le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony SNOW, se contente ainsi de souligner un mimétisme dans l'accession autocratique des deux frères au pouvoir (Tony SNOW, Press Briefing by Tony Snow, 1er août 2006); il qualifie le cadet des CASTRO de "gardien de prison"
- le porte-parole du département d'Etat, Sean McCORMACK, reconnaît que son administration ne traite pas encore la situation cubaine -- aucune cellule de crise n'a par exemple été mise en place (Sean McCORMACK, Daily Press Briefing, 1er août 2006)
Par la voie de son secrétaire, M. Fidel CASTRO estime qu'en de telles circonstances son pays est "menacé [...] par le gouvernement des Etats-Unis" qualifié d'impérialiste. S'il maintient l'organisation du sommet des nations non-alignées prévu à la Havane en septembre, il demande en revanche que la célébration de son anniversaire (80 ans le 13 août) soit reportée au 2 décembre -- date du cinquantenaire de la création des Forces Armées Révolutionnaires (FAR)cubaines. La dernière apparition publique de M. Fidel CASTRO date du 26 juillet lorsqu'il discourut pendant deux heures pour marquer le 50ème anniversaire de l'attaque de Moncada.
Jusqu'alors premier vice-président du Conseil d'Etat et du Conseil des ministres, ministre des FAR et second secrétaire du PCC, Raul CASTRO est un pilier du régime communiste cubain dont il a réaffirmé la pérennité en cas de changement de direction politique lors d'un discours en date du 15 juin 2006; sa succession à la tête de l'Etat en remplacement de son frère aîné est régulièrement confirmée depuis le 5ème Congrès du PCC d'octobre 1997. Nonobstant sa réputation de pragmatisme (adhésion au socialisme de marché, voeux de coopération bilatérale avec les Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et l'immigration illégale) et son âge (75 ans, ce qui voue un éventuel gouvernement à ne faire que prolonger -- non pas aboutir -- la transition jusqu'à la relève de génération), Raul CASTRO pourrait être tenté par une transition successorale violente visant à purger le bureau politique du parti communiste tout en compensant par la force son déficit (de domination) charismatique.
Depuis 1961, les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques avec l'Etat cubain contre lequel ils maintiennent en revanche un embargo économique tout en planifiant périodiquement les modalités d'une transition post-castriste pacifique.
Les rapports annuels de la Commission for Assistance to a Free Cuba créée en 2003 (la CAFC est conjointement présidée par le secrétaire d'Etat Condoleezza RICE et le secrétaire au Commerce Carlos M. GUTIERREZ) prévoient régulièrement que les Etats-Unis assisteront Cuba (à sa demande) après un changement de régime pour:
L'édition 2006 du rapport de la CAFC a par ailleurs recommandé d'intensifier l'aide financière (80 millions de dollars américains sur deux années) à destination de l'opposition politique et des organisations non gouvernementales cubaines dans le but explicite d'éviter une succession et d'accélérer la transition démocratique de l'île ("d'un contrôle répressif à la liberté") -- initiative alors qualifiée par le régime castriste de violation de la souveraineté de l'Etat cubain (Commission for Assistance to A Free Cuba, Report to the President July 2006, juillet 2006, 93 p.).