Si ses enjeux sont importants (la sécurité d'Israël, l'avenir du gouvernement de l'Autorité Palestinienne dominé par le Hamas, l'indépendance ainsi que la souveraineté du Liban et les rôles dévolus aux acteurs armés non étatiques que sont la branche militaire du Hamas et le Hezbollah) et si elle s'inscrit dans le cadre plus large d'une stratégie indirecte de l'axe syro-iranien par acteurs armés non étatiques interposés (un conflit par procuration mené par le Hamas et le Hezbollah), Edward N. LUTTWAK estime que la crise israélo-libano-palestinienne n'est pas susceptible d'escalader en conflit régional (Edward N. LUTTWAK, "A Conflict That Will Stay Close to Home", The New York Times, 18 juillet 2006).
L'analyste du Center for Strategic and International Studies étaye son hypothèse du confinement de la crise en cours par trois arguments. D'abord, l'isolement du Hamas sur l'échiquier régional en tant que l'Organisation de la Résistance Armée est la déclinaison palestinienne des Frères Musulmans, formation politique à vocation panislamique combattue par la plupart des régimes moyen-orientaux (principalement le régime du président égyptien Hosni MOUBARAK et celui du roi ABDALLAH de Jordanie) en raison de son opposition politique conventionnelle. Les gouvernements égyptien, jordanien et saoudien estiment ainsi que "l'aventurisme" du Hezbollah dessert les "intérêts arabes" en exposant malgré eux les pays arabes à de "graves dangers".
Ensuite, l'isolement du Hezbollah sur l'échiquier régional en tant que la milice hybride (à la fois parti politique et guérilla) est perçue dans l'espace arabo-musulman comme la cinquième colonne de la République Islamique [chiite] d'Iran, l'activation du clivage religieux chiite-sunnite continuant de surdéterminer les solidarités au Moyen-Orient (reléguant les facteurs identitaires de l'ethnie ou de la langue comme déterminants des conflits)
Enfin, si l'Iran et la Syrie parviennent à mobiliser le soutien de l'opinion publique arabo-musulmane contre Israël en dépit de leurs handicaps respectifs (à l'échelle régionale, le régime iranien est dominé par la minorité perse et chiite tandis que le régime syrien est dominé par la minorité allawite), leurs faibles capacités militaires relatives maintiennent le ratio du calcul utilitaire de type coûts/avantages très inférieur à 1, interdisant le déclenchement d'un conflit conventionnel contre les Forces de Défense Israéliennes.
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