Le négociateur en chef sur le dossier nucléaire nord-coréen, l'assistant du secrétaire d'Etat pour les Affaires de l'Asie de l'est et du Pacifique Christopher R. HILL, déclare douter de la volonté du régime nord-coréen de réintégrer les Six-Party Talks (SPT) sur son programme nucléaire litigieux. Par conséquent, il ne se rendra à Pyongyang qu'à la condition que le régime nord-coréen ferme le réacteur nucléaire de Yongbyon.
Cette déclaration intervient quatre jours après que les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont voté à l'unanimité la résolution 1695, laquelle -- votée sur le fondement juridique du chapitre VI de la Charte des Nations (qui ne prévoit pas l'imposition de sanctions multilatérales, a fortiori le recours à la force armée) conformément à la volonté chinoise (SECURITY COUNCIL, United Nations Security Council Condemns Democratic People's Republic of Korea's Missile Launches, 15 juillet 2006):
- condamne la série de tests sans avertissement de sept missiles couvrant le spectre des portées réalisée par le gouvernement nord-coréen le 4 juillet 2006
- demande aux Etats membres de l'ONU d'empêcher les flux financiers et les transferts de technologies ainsi que de matériels liés aux programmes de missiles et d'armes de destruction massive nord-coréens
- demande au gouvernement nord-coréen de suspendre son programme de missiles balistiques
- demande au gouvernement nord-coréen de s'imposer à nouveau un moratoire sur les tests de missiles à longue portée
- demande au gouvernement nord-coréen de réintégrer sans pré-condition les Six-Party Talks (SPT) sur son programme nucléaire
Alors que les SPT sur son programme nucléaire se trouvaient dans une impasse, la Corée du nord a déclaré en mars 2005 ne plus être liée par le moratoire sur les tests de missiles à longue portée qu'elle s'était imposé le 13 septembre 1999 consécutivement à la crise du 31 août 1998 (un missile Taepodong-1 avait survolé le Japon), puis qu'elle avait confirmé en 2001 et 2002, et a procédé aux tests de plusieurs missiles à courte portée. La série de lancements du 4 juillet 2006 a confirmé la capacité de nuisance potentielle du régime nord-coréen, lequel disposerait des vecteurs de la capacité nucléaire militaire dont il se prévaut sur le papier depuis le 10 février 2005 (aucun test n'a confirmé cette capacité autoproclamée).
Le régime nord-coréen a suspendu en novembre 2005 sa participation aux SPT (lesquels regroupaient Etats-Unis, Corée du nord, Corée du sud, Chine, Japon et Russie en vue du démantèlement "complet", "vérifiable" et "irréversible" des programmes et installations nucléaires nord-coréens) consécutivement à l'imposition de sanctions économiques prises par les Etats-Unis en septembre 2005 -- contre une banque (Banco Delta Asia à Macau) et huit entreprises nord-coréennes officiellement accusées de contrefaçon, blanchiment d'argent et trafic de drogue -- et perçues comme visant à l'isoler. Depuis, en dépit de la déclaration conjointe du 19 septembre 2005, la Corée du nord conditionne la reprise des pourparlers au retrait des sanctions tandis que les Etats-Unis maintiennent un découplage entre les SPT et les sanctions économiques, exhortant la puissance nucléaire de facto à renouer sans pré-conditions le fil de la négociation.
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