A l'occasion de son cinquième discours sur l'état de l'Union prononcé pendant 53 minutes devant les membres du Congrès et 39 millions de téléspectateurs, le président George W. BUSH consacre la première moitié des 5 387 mots du State of the Union Address à l'évocation de sept thèmes de politique étrangère (George W. Bush, President Bush Delivers State of the Union Address, United States Capitol, Washington, D.C., 31 janvier 2006): le rôle des Etats-Unis dans le monde, la promotion de l'agenda pour la liberté et la démocratie, l'Opération Iraqi Freedom, la Global War on Terrorism, la problématique nucléaire iranienne, le développement économique des pays les moins avancés et la diversification des approvisionnements énergétiques américains.
Premièrement, parce que les Etats-Unis doivent toujours répondre à "l'appel de l'histoire" en faveur de la liberté et de la paix, le président George W. BUSH rejette "le confort illusoire de l'isolationnisme" pour leur assigner de jouer un rôle actif dans les affaires internationales.
Deuxièmement, parce que la sécurité des Etats-Unis est conditionnée par la réduction de la tyrannie (la croyance en la pax democratica connecte démocratisation et paix internationale car les démocraties, respectueuses des droits de leurs citoyens et de leurs voisins, sont réputées ne pas se livrer la guerre entre elles), les Etats-Unis continueront de promouvoir en 2006 l'agenda de la liberté et de la démocratie, notamment en Afghanistan et au Moyen-Orient où M. BUSH relève des progrès (Arabie Saoudite, Egypte, Liban et Palestine où il exhorte le Hamas à renoncer à la violence, reconnaître l'Etat d'Israël et démanteler les milices). Il situe la principale force d'entrave à la démocratisation dans l'islam radical qu'il définit comme "la perversion par un petit nombre d'une noble foi en une idéologie de terreur et de mort". Enfin, il dresse une liste des principaux régimes non démocratiques: Birmanie, Corée du Nord, Iran, Syrie et Zimbabwe.
Troisièmement, parce que l'objectif des terroristes (dont l'état final recherché est l'imposition d'un "système de contrôle totalitaire à travers le Moyen-Orient") est de s'emparer de l'Irak pour en faire un havre à la fois sanctuaire et pas de tir pour le terrorisme transnational, les Etats-Unis devront y maintenir l'offensive conformément à un triptyque stratégique à la fois sécuritaire (contre-insurrection et formation/entraînement des forces de sécurité irakiennes), politique (formation et consolidation d'un gouverment inclusif) et économique (continuation de l'effort de reconstruction). M. BUSH mentionne à 15 reprises l'Irak lors de son discours. Il considère que les troupes américaines mobilisées non seulement sont engagées pour gagner mais encore sont d'ores et déjà en train de remporter la victoire qui, seule, permettra leur démobilisation. C'est la situation sur le terrain telle qu'évaluée par les responsables militaires qui conditionnera la décision du retrait des troupes tant ce retrait daté et prématuré aurait pour conséquence d'abandonner les Irakiens à la guerre civile, en plaçant MM. Oussama BEN LADEN et Abou Moussab AL-ZARQAWI à la direction d'un califat irakien, et de discréditer la parole américaine.
Quatrièmement, parce que l'OIF reste connectée à la guerre idéologique vraisemblablement générationnelle de la GWOT, "longue guerre contre un ennemi déterminé", remporter cette bataille des idées implique d'offrir une alternative à la "sombre vision" de l'islam radical. La promotion d'une alternative de liberté politique et de changement pacifique nécessitera l'engagement des présidents républicains et démocrates à venir, par conséquent un soutien bipartisan. M. BUSH ne mentionne qu'à deux reprises le 11 Septembre 2001.
Cinquièmement, parce que le régime iranien parraine des terrorismes du Moyen-Orient (palestinien et libanais) et défie ouvertement la communauté internationale, les Etats-Unis ne toléreront pas la réalisation de ses ambitions nucléaires. M. BUSH s'addresse "directement au peuple iranien", qu'il qualifie de nation "tenue en otage par une élite religieuse restreinte qui isole et réprime son peuple", avec lequel il espère nouer des liens plus profonds à la faveur de la démocratisation du régime.
Sixièmement, parce que la conflictualité et le terrorisme sont principalement déterminés par l'insécurité intra-étatique et la violence sociétale, les Etats-Unis continueront à soutenir le développement économique des pays les moins avancés et à combattre les pandémies (VIH, malaria).
Septièmement, parce que "l'Amérique est très dépendante du pétrole" (graphique infra) provenant de zones souvent politiquement "instables", le président BUSH s'engage à développer les sources d'énergie alternatives afin de diversifier l'approvisionnement énergétique des Etats-Unis (remplacer d'ici 2025 les 3/4 du pétrole importé du Moyen-Orient, lequel représente 11% de la consommation américaine) et restaurer sa marge de manoeuvre de politique étrangère à l'égard des régions productrices.